Enfin une avancée pour le couvent du Gesù à Bruxelles

Cela fait près de 20 ans déjà qu’une solution est recherchée pour le site emblématique – mais négligé – du Gesù, situé rue Royale à Bruxelles. Après des projets d’aménagement d’un hôtel cinq étoiles et d’un marché couvert consacré à la gastronomie, les promoteurs immobiliers VDD Project Development et partenaire Redet viennent d’obtenir le permis définitif pour un programme résidentiel et commercial inédit.

Une pièce d’anthologie

L’histoire du site du Gesù débute en 1856, quand le provincialat des jésuites de Belgique prend possession de la prestigieuse villa de Jean-Baptiste Vifquain – ingénieur-architecte bruxellois de renom et initiateur de l’urbanisation bruxelloise – ainsi que des terrains avoisinants. L’architecte choisi est Louis Pavot, qui conçoit un projet d’édifice comportant une église et une nouvelle résidence imaginée selon un paradigme architectural néogothique, très populaire à l'époque.

Bien que l’église ait été définitivement consacrée en 1867, ce n’est qu’en 1928 que les jésuites ont pu concrétiser leur vaste projet résidentiel. À cet effet, ils sollicitent l’architecte Edmond Serneels, fervent partisan du néogothique et concepteur de nombreux édifices religieux sur le territoire bruxellois. Une partie des plans sont réalisés entre 1929 et 1931. Cependant, son projet d’achèvement de l’église ne reçoit pas l’approbation des autorités centrales de la Compagnie de Jésus, à Rome.

Après son décès en 1934, l’Ordre désigne un nouvel architecte en la personne d’Antoine Courtens. La vision que ce dernier nourrit pour la nouvelle église s’inscrit clairement dans les traditions architecturales chrétiennes, tout en intégrant parallèlement une approche esthétique qui exprime le contexte artistique bruxellois des années 1930, oscillant entre art déco et modernisme. La nouvelle église est solennellement inaugurée à l’occasion de la messe de Pâques 1939. Les derniers services du culte ouverts au public ont lieu en 1977, après quoi le site est laissé à l’abandon.

Un parcours mouvementé, constellé de projets divers

En 2007, Rue Royale SA, filiale du groupe Rosebud Hotels Holdings, se porte acquéreuse de l’ensemble du site du Gesù. Ce dernier semble prêt à embrasser l’avenir sous la forme d'un ambitieux hôtel de luxe comptant 150 chambres. Mais dès l’introduction de la première demande de permis, en 2006, le projet doit faire face à une levée de boucliers. Durant les années suivantes, un contentieux fourni est ouvert, la démolition des bâtiments faisant l’angle est interdite et le Conseil d’État juge qu’il est impératif d’y prévoir également du logement.

Au terme d'une révision intégrale des plans, une nouvelle demande est introduite en 2013, pour un hôtel de luxe de 75 chambres, un restaurant et 77 appartements. Mais le permis d’urbanisme accordé en 2015 est immédiatement attaqué par plusieurs associations bruxelloises.

En 2019, après une période de turbulences qui a vu notamment 220 sans-papiers s’installer dans l’ancien couvent, Rue Royale SA décide de vendre une partie du site aux promoteurs VDD Project Development et Redet : le bâtiment néoclassique à l’angle de la rue Royale et de la chaussée de Haecht, le couvent implanté rue Traversière, les bâtisses à front de la rue de la Comète et le jardin intérieur.

L’église et la chapelle restent quant à elles aux mains de Rue Royale SA, qui nourrit l’intention de les transformer en marché couvert dédié à la gastronomie. Ce projet vient toutefois d’être récemment battu en brèche par la faillite de la société Rue Royale.

Le projet Gesù, fusion harmonieuse du patrimoine et d’une transformation moderne

Les promoteurs VDD Project Development et Redet ont récemment obtenu le permis définitif pour leur projet indépendant, qui couvre une superficie totale de 15.000 m². Grâce à une collaboration avec les architectes de DDS+ et les ingénieurs de VK Engineering et DS Engineering, le site historique sera bientôt converti en un complexe polyvalent mêlant fonctions résidentielles et commerciales.

Un projet innovant, combinant le résidentiel et le commercial, pour marquer le site de son empreinte

Au total, 57 appartements traditionnels sont prévus dans la bâtisse néoclassique restaurée à l’angle de la rue Royale ainsi que dans le nouveau bâtiment adjacent à la rue de la Comète. Chaque appartement a été soigneusement conçu en mettant l’accent sur une occupation optimisée de l’espace. Les appartements donnant sur la rue Royale jouissent d'une perspective sur le Jardin botanique, tandis que ceux donnant sur la rue de la Comète s’ouvrent vers le jardin intérieur et la façade arrière de l’église du Gesù.

VDD et Redet ont récemment cédé l’ancien cloître jouxtant la rue de la Comète à YUST – Young Urban Style. Le concept unique développé par YUST, dont les projets anversois et liégeois ont connu un retentissement international, proposera des séjours de courte et longue durée combinés à des fonctions professionnelles, à des événements, à des établissements de restauration et à un pôle culturel. Le rez-de-chaussée accueillera différents espaces communautaires ainsi que des établissements horeca tout en permettant l’accès à l’impressionnant jardin intérieur. Ce lieu accueillant sera accessible aux riverains, aux clients de l’hôtel, mais aussi au grand public. Les premier et deuxième étages abriteront 49 chambres d’hôtel réservées aux séjours de courte durée. Par ailleurs, 91 appartements de co-living seront aménagés aux cinq étages supérieurs. Tous les appartements seront équipés d'une salle de bains privée, d'une cuisine ouverte, d’un séjour et d'une chambre. Les résidents pourront également utiliser les installations communes, notamment les lounges, un centre de fitness, un restaurant avec terrasse extérieure et le magnifique jardin paysager, etc.

La mobilité durable au cœur du concept

Compte tenu de la diversité des transports en commun disponibles à proximité immédiate et de la présence de plusieurs parkings publics, le projet met l’accent sur la mobilité douce et limite les places de stationnement en sous-sol. Quarante boxes privatifs seront disponibles pour les résidents du site. Les clients de l'hôtel pourront utiliser le parking public « Bota » ainsi que d'autres installations du même type existant dans le quartier.

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